Publication scientifique

DEEPLIFE dans The ISME Journal (2021)

Associations symbiotiques du corail scléractiniaire photosynthétique


Une nouvelle vision des récifs coralliens - Les récifs coralliens constituent l’un des écosystèmes les plus productifs et les plus diversifiés de la planète. Le corail dur, celui qui construit les récifs, dépend majoritairement d’une relation symbiotique avec des algues unicellulaires, les zooxanthelles, pour alimenter les besoins énergétiques de la calcification. Lors de la symbiose, le corail fournit des nutriments inorganiques aux algues, tandis que les algues partagent des composés organiques essentiels, tels que des sucres issus de la photosynthèse, au corail. Ainsi, la symbiose entre les coraux constructeurs de récifs (coraux scléractiniaires photosynthétiques) et les microalgues maintient la santé et la productivité des écosystèmes coralliens tropicaux.

Bien que l’écosystème corallien s’étende dans les profondeurs, la symbiose a principalement été étudiée dans les eaux peu profondes (<30 m) en raison des limitations techniques imposées par la plongée scientifique traditionnelle. Nous ne savons toujours pas comment les coraux profonds modulent leurs associations symbiotiques pour se développer dans des environnements qui reçoivent moins de 1% de la lumière de surface.

Pour mieux comprendre comment les coraux constructeurs de récifs peuvent survivre avec si peu de lumière, le programme DEEPHOPE a réuni l’expertise scientifique d’un consortium international et l’expertise d’exploration sous-marine d’UNDER THE POLE. Ce programme a permis pour la première fois d’étudier les coraux scléractiniaires photosynthétiques sur un large gradient de profondeur (6 à 172 m) et à une grande échelle géographique (5 archipels de Polynésie française) afin de repousser les limites de notre connaissance sur les coraux.

Cette étude a permis la découverte d’un corail dur associé à des zooxanthelles à 172 m de profondeur, le plus profond du monde recensé à ce jour. Les analyses des communautés symbiotiques montrent que le corail, identifié comme Leptoseris hawaiiensis, survit à une telle profondeur en hébergeant des Symbiodiniaceae dans ses tissus, principalement du genre Cladocopium, mais aussi une espèce d’algue endolithe du genre Ostreobium dans son squelette. Ces algues présentes dans le squelette du corail sont adaptées pour réaliser la photosynthèse dans la quasi-obscurité, en utilisant des longueurs d’onde plus courtes par rapport aux zooxanthelles, et ainsi optimiser la capture de la lumière. Morphologiquement, L. hawaiiensis est caractérisé par un squelette mince et plat, qui est optimal pour capter la lumière et limiter la calcification du squelette. L. hawaiiensis semble donc utiliser différentes stratégies pour s’acclimater et survivre malgré le manque drastique de lumière.

Ce travail inscrit un nouveau record de profondeur pour les coraux constructeurs de récifs à 172 m et offre une nouvelle vision des récifs coralliens. Ces écosystèmes ont été largement étudiés dans les eaux peu profondes, ce qui représente moins d’un cinquième de la profondeur totale des récifs coralliens tropicaux. La profondeur est une dimension qui ne peut plus être ignorée dans les études futures du fonctionnement des écosystèmes coralliens. Une meilleure compréhension du fonctionnement des ces écosystèmes est essentielle pour la mise en oeuvre de mesures de gestion et de préservation efficaces de ces écosystèmes menacés.

Résumé de l'article "Associations symbiotiques du corail scléractiniaire photosynthétique le plus profond jamais enregistré (172 m de profondeur)."

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Auteurs - Pérez-Rosales G., Rouzé H., Torda G., Bongaerts P., Pichon M., Under The Pole Consortium, Parravicini V., Hédouin L.

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