DEEPLIFE dans Coral Reefs (2025)
Zone mésophotique - Diversité taxonomique et des traits de l’épifaune
L'étude des écosystèmes mésophotiques (30 à 200 m) reste un défi technique, entraînant des lacunes dans notre connaissance de ces habitats. Dans l'archipel des Canaries, les forêts mésophotiques de coraux noirs sont très répandues et présentent des densités et tailles impressionnantes, certaines colonies pouvant atteindre 2 mètres de haut. En tant qu'espèce ingénieure, elles fournissent un abri, des sites de reproduction et des zones d'alimentation à la faune mobile associée qui vit dans ces forêts.
L'archipel des Canaries, outre son origine volcanique, est assez particulier : les îles, situées sur un axe ouest-est, présentent des conditions environnementales différentes. Autour d'El Hierro, à l'extrémité ouest, les eaux sont chaudes et pauvres en nutriments. À environ 400 km à l'est d'El Hierro, Lanzarote est plus proche de l'Afrique et reçoit des eaux profondes froides et riches en nutriments amenées à la surface par les courants le long de la côte africaine (processus d'upwelling).
Ici, les auteurs ont cherché à évaluer si les forêts mésophotiques de coraux noirs de différentes îles des Canaries abritaient des communautés animales associées différentes. Pour répondre à cette question, l'équipe a collecté l'épifaune (animaux mobiles vivant sur les coraux) sur des colonies de corail noir Antipathella wollastoni autour de trois îles de l'archipel : El Hierro à l'ouest, Gran Canaria au centre et Lanzarote à l'est.
Tout d'abord, les forêts de corail noir différaient d'une île à l'autre, bien qu'il s'agisse de la même espèce de corail et à la même profondeur (60 m) : les colonies étaient plus clairsemées et plus petites à El Hierro et à Gran Canaria, tandis qu'elles étaient plus denses et plus hautes (jusqu'à 2 mètres) à Lanzarote.
Ensuite, dans chaque forêt, les amphipodes dominaient largement l'épifaune, représentant 92 % des quelque 2 700 animaux collectés, appartenant à 12 espèces.
Et en effet, les forêts des différentes îles abritaient des communautés d'épifaune différentes :
Certaines espèces n'ont été trouvées que sur une seule île, d'autres sur toutes les îles.
L'abondance des amphipodes était plus élevée à Lanzarote (eaux froides et riches) que dans les deux autres forêts. De plus, à Lanzarote, plus la colonie était grande, plus l'abondance était élevée, ce qui reflète le fait que les colonies plus grandes offrent plus d'espace pour vivre, plus d'abris, etc.
À El Hierro, les amphipodes étaient plus grands et la richesse spécifique était plus élevée qu’à Lanzarote.
Enfin, en examinant le contenu de leur tube digestif, les auteurs ont montré que les amphipodes étaient capables d'adapter leurs habitudes alimentaires en fonction de la principale ressource disponible sur chaque île (animaux, détritus, algues...). Les amphipodes de Lanzarote se nourrissaient davantage d'animaux, tandis que ceux d'El Hierro se nourrissaient davantage d'algues.
Les auteurs ont montré que les différences environnementales entre les îles influencent la structure des communautés d’épifaune, ainsi que la morphologie et le régime alimentaire des amphipodes, bien que les forêts soient construites par les mêmes espèces de corail noir et se trouvent à la même profondeur (environ 60 m). Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les capacités de cette faune à s’adapter aux gradients environnementaux dans les forêts animales mésophotiques.
Résumé de l'article "Au cœur de la zone mésophotique : diversité taxonomique et diversité des traits de l’épifaune associée aux forêts de coraux noirs à l’échelle d’un archipel océanique."
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Auteurs - Navarro‑Mayoral S, Diaz-Vergara S, Bosch N E, Tuya F, Bramanti L, Fernandez-Gonzalez V, Terrana L, Espino F, Haroun R, Under The Pole Consortium, Otero-Ferrer F.