DEEPLIFE dans Coral Reefs (2023)
Sons de poissons des récifs coralliens et mésophotiques
Contrairement aux récifs coralliens peu profonds, les écosystèmes coralliens mésophotiques restent largement inconnus car difficilement accessibles à l’Homme. La biodiversité associée aux coraux est tout autant concernée par ce manque de connaissances, et seules quelques rares informations sont disponibles sur les communautés de poissons à ces profondeurs.
Afin de combler ce manque, le présent travail a souhaité caractériser la diversité des communautés de poissons des récifs mésophotiques, et déterminer comment cette diversité varie en fonction de la profondeur et du type d’île dans six îles polynésiennes : trois atolls (Rangiroa, Raroia et Tikehau) et trois îles hautes (Bora Bora, Mangareva et Moorea). Pour cela, l’acoustique passive (étude des sons) a été utilisée.
Le travail de terrain a été réalisé par des plongeurs profonds d’UNDER THE POLE. Sur chaque île, trois profondeurs différentes (-20, -60 et -120 m) ont été échantillonnées simultanément sur la pente externe du récif. A chaque profondeur, un enregistreur acoustique sous-marin autonome a été déployé pendant 72 heures pour enregistrer les sons des poissons. De plus, pour chaque île et chaque profondeur, des photo-quadrats (soit 30 quadrats par profondeur) ont été réalisés pour caractériser la couverture benthique (ex : sable, corail scléractiniaire vivant, corail mort, gorgones, algues calcaires, etc).
Les résultats montrent que l’environnement sonore sous-marin de Polynésie française est riche, de la surface à la profondeur. Les communautés de poissons présentent une stratification déterminée par la profondeur, avec une diversité acoustique maximale à -20 mètres de profondeur. La diversité diminue ensuite jusqu’à -60 mètres, et est équivalente entre -60 et -120 mètres. La profondeur de -60 mètres apparait comme une zone de transition puisqu’on y retrouve certaines communautés acoustiques de poissons des -20 et -120 mètres. Cette zone est expliquée par une transition progressive d’un assemblage d’espèces coralliennes à un autre à cette profondeur. Indirectement, la diversité des sons émis par les poissons reflète donc les différentes couvertures benthiques. En plus des différences liées à la profondeur et à la couverture benthique associée, une partie de la variabilité acoustique est expliquée par le type d’île (îles hautes ou atolls).
Pour conclure, le suivi acoustique des assemblages de poissons permet de révéler des différences subtiles dans la couverture benthique. Cette étude ouvre des perspectives dans la surveillance des écosystèmes coralliens mésophotiques à l’aide de l’acoustique passive, qui se révèle être un outil prometteur pour suivre les changements temporels dans les profondeurs.
Résumé de la publication : Sons de poissons des récifs coralliens photiques et mésophotiques : variations en fonction de la profondeur et du type d’île. Consultez le lien ci-dessous pour lire l'intégralité de cette publication scientifique.
Auteurs - Raick X., Di Iorio L., Lecchini D., Gervaise C., Hédouin L., Under The Pole Consortium, Pérez-Rosales G., Rouzé H., Bertucci F., Parmentier E.