Publication scientifique

DEEPHOPE dans Oecologia (2024)

Les sons d’invertébrés et les récifs coralliens


L’étude des sons produits par les animaux, qu’ils soient volontaires (communication) ou non (déplacement, alimentation) permet d’acquérir de précieuses informations à leur sujet de manière non-invasive. La diversité et le type de sons produits dépendent par exemple des espèces présentes, de leur activité, ou de leur comportement. 

L’utilisation de cette technique a d’ailleurs déjà permis de montrer qu’au sein des Ecosystèmes Coralliens Mesophotiques (MCEs, de l’anglais Mesophotic Coral Ecosystems) les communautés de poissons diffèrent en fonction de la profondeur et du type d’habitat. Dans la présente étude, les auteurs ont décliné la même question, cette fois-ci sur les invertébrés vivant dans les MCEs : les sons qu’ils produisent varient-ils selon la profondeur et les habitats, reflétant des communautés différentes ?

Pour ce faire, ils ont enregistré les sons émis à 20, 60 et 120 mètres de profondeur, sur six îles de Polynésie Française. Deux majeures différences sont ressorties entre les sons émis à 120 mètres de profondeur d’un côté, et ceux à 20 et 60 mètres de profondeur de l’autre. 

Tout d’abord, à 20 et 60 mètres, le volume sonore était plus fort qu’à 120 mètres. Ensuite, à 20 et 60 mètres, les sons étaient plus forts la nuit, montrant un rythme jour/nuit marqué dans le mode de vie des invertébrés, tandis qu’à 120 mètres, les sons n'étaient pas les mêmes et présentaient des rythmes différents. Cela s’explique probablement par l’absence presque totale de lumière à 120 mètres, et donc des espèces d'invertébrés vivant différemment à ces profondeurs. 

Ces deux points confirment la présence de communautés ou comportements différents entre les invertébrés présents à 20 et 60 mètres, de ceux présents à 120 mètres. Cela pourrait s’expliquer par une variation du type d’habitat. En effet, la couverture benthique change entre la zone supérieure (au-dessus de 60 mètres) et en dessous, passant de coraux durs majoritairement à des gorgones, éponges, coraux noirs en profondeur.

Ces résultats montrent la pertinence de l’utilisation de l’acoustique afin de mieux connaître les écosystèmes coralliens mésophotiques et leur biodiversité associée, dont l’étude reste un défi technique au vu des profondeurs concernées.

Résumé de l'article "Les sons d’invertébrés, des récifs coralliens photiques aux récifs mésophotiques, révèlent une stratification verticale et une diversité nycthémérale.

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Auteurs - Raick X, Parmentier É, Gervaise C, Lecchini D, Under The Pole, Pérez-Rosales G, Rouzé H, Bertucci F, Di Iorio L.

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